"Maman je veux mon gogo!" Cette peluche me rend dingue. Comment peut-il être autant attaché à ce fichu dinosaure! "Chéri, je vais faire mon possible pour le retrouver, mais pour l'instant va jouer dans le jardin je te rejoins." Léo baisse les yeux et fait sa moue de petit garçon tristounet. Je fis un petit bisou sur la joue avant de le voir partir en direction de l'escalier. Il est ma vie, ma raison de vivre. Léo à cinq ans déjà et c'est un petit garçon plus que formidable. Entre nous il y a un lien que personne puisse comprendre. Je cherche partout où ce "gogo" avait pu se cacher, mais sans résultat. "La boîte magique..." Cette boîte est en fait le placard où je stocke tout mon bazar. En revanche, Léo s'enferme souvent dedans pour voyager dans le temps. Bien évidemment, elle va aussi dans le passé avec une machine supère sonique et tout le tralalah....Un enfant avec une imagination plus que débordante et je savais de qui il tenait cela... J'inspecte le placard de fond en comble jusqu'à ce qu'une petite boîte en métal me tombe sur la tête. "Et merde !" En regardant vers le bas, j'ai  directement reconnue la coupable de la future bosse que j'allais avoir sur la tête.

Avec la chute, la petite boite rose s'est ouverte en laissant tomber son contenu. Mes yeux se remplir de larmes en voyant une photo...La photo. Lui, collé contre moi me regardant avec ce regard contenant autant de charme que d'amour qui me faisait succomber en rien de temps. Je prends un moment pour regarder cette foutue boite qui contient mon passé et surtout mes souvenirs avec lui. « Gaël ... » Le père de mon fils, celui qui était censé être l'homme de vie. Quand nous étions plus jeunes, je pensais qu'il était le bon, celui sur qui je pouvais me reposer et fonder une famille, mais cette foutue guerre a eu raison de nous, de moi. Après son départ, j'étais anéantie par ce manque qu'il m'imposait à cause de ce métier à la con et par cette peur qui me hantait chaque jour, de voir un soldat venir chez nous m'apprendre sa mort.

Je ne pensais pas que ma vie pouvait être plus bousculée jusqu'au jour où j'ai appris que j'étais enceinte. Ce jour devait être le plus beau jour de ma vie... Je me suis retrouvée seule pendant toute ma grossesse, la peur qu'il m'arrive quelque chose. Je ne comprenais pas la peur des femmes de militaires avant cette période, mais maintenant je ne peux que les comprendre. J'en voulais à Gaël plus que je ne voulais l'avouer. Je savais qu'il culpabilisait de me laisser aussi loin, mais ça ne changeait rien. Plus je regarde le contenu, plus les souvenirs remontent à la surface et mes larmes avec.

Toutes ses lettres sont là, entre mes mains. Ses mots d'amours, de culpabilité d'être loin, de voir son fils grandir loin de lui...Je suis déchirée de m'être séparée du père de mon enfant et de cet homme que j'aimais et que j'aime encore tant. Maintenant, c'est moi qui culpabilise. Après avoir accouchée, la femme forte que je suis? était remplie de peurs. Léo en étant petit était tout le temps malade, ce qui me mettait dans tout mes états. Je passais donc énormément de temps chez son pédiatre...Andrew, voilà comment j'ai rencontré l'homme pour qui j'ai quitté Gaël...Son soutien, sa gentillesse et son attachement pour Léo et moi m'ont fait craquer. Au fur et à mesure, je suis tombée amoureuse de lui. Je m'en voulais énormément, mais je ne supportais plus cette situation. Je lui ai écrit une lettre en lui expliquant tout, je pouvais rester avec cela sur la conscience. J'avais besoin de refaire ma vie, je ne supportais plus d'attendre. Léo avait besoin d'un père présent pour lui.

J'ai emménagé depuis quatre ans avec Andrew. Nous avons acheté une maison dans Eldwick Hill où j'ai pris un poste de professeur d'arts plastiques au collège. Il y a trois ans de cela, j'ai vu à la télé aux informations un rapatriement de nos troupes dans notre aéroport. J'ai tout de suite reconnu Gaël, vieillit par les années, avec un visage bien plus sombre que celui que je connaissais. Léo ne sait rien. Il croit que son père est mort pendant une mission. Je m'en veux de lui faire croire cela, mais je ne sais même pas si Gaël voudra me revoir ou bien voir son fils qu'il n'a même pas vue naître des années après notre séparation. Je n'ai plus eu aucune nouvelle après cette lettre...Et le fait de pouvoir me retrouver devant l'homme que j'aime encore je dois bien l'avouer m'effraye complètement.

« Chérie je suis là ! » En entendant la voix d'Andrew, je suis directement sortie du placard après avoir fermé la boîte de mon passé. « Ça ne va pas? Tu as pleuré ?» « Non non ne t'inquiètes pas, j'étais juste en train de ranger ce fichu placard et tu connais ma réaction à la poussière, les yeux rouges et tout lekit. » Il me regarde avec ce regard rassurant et posé qui inscrit toujours sur mon visage un sourire. « Au fait, regarde ce que j'ai trouvé dans le garage près du panier de basket, Gogo... » «Tu sais que tu es le meilleur toi ? »