Je n'ai pas le souvenir d'avoir eu une enfance qui sorte de la norme. Je suis née et j'ai grandit en Finlande tandis que je passais quelques vacances en Angleterre pour voir ma famille maternelle. Mon père est un homme d'affaire finlandais et ma mère une conservatrice d'arts anglaise. Je n'ai jamais manqué de rien bien au contraire, mes parents gagnent très bien leur vie, en conséquence j'ai vécu jusqu'à mes 18 ans dans un milieu plutôt aisé. Des parents occupés par leurs activités professionnelles, mais qui arrivaient toujours à trouver un peu de temps pour moi. En somme j'étais une petite fille docile et sage. Ce n'est qu'à partir de l'adolescence que je suis me suis affirmée. J'ai développé une passion pour les arts. Je pensais et je pense toujours, qu'il s'agissait là d'un moyen surprenant et excellent de donner sa vision de la réalité. « Tu sais Barbara, l'Art c'est comme avoir le pouvoir d'arrêter le temps ou bien de donner la vie. » ces mots de ma mère n'ont jamais quitté mon esprit. Ils m'ont subjuguée. Je me découvrais également une certaine facilité pour les langues. Dès lors, en même temps que j'étudiais la peinture assiduement, mon père m'offrait des cours particuliers pour m'enseigner le russe ou encore le français. Tout allait pour le mieux. Je trouvais petit à petit ma voie, en m'affirmant sur le plan caractériel et en m'ouvrant sur le monde. Je me voyais déjà faire mes études supérieures à l'étranger dans une école d'art renommée. J'avais le soutien de ma famille, l'argent pour et le talent. Tout semblait tracé. Finalement rien ne s'est fait. La cause ? Niilo, un homme de 23 ans alors, qui menait une vie de bohème. Autant dire que je suis immédiatement tombée sous ce charme. Malheureusement mon côté rêveur ne m'a pas aidé, et j'ai cru en tout ce qu'il me disait, sans laisser le choix à mes parents. Mon diplôme en poche, je l'ai donc suivit dans ses voyages et je me suis adaptée à son mode de vie. Il se montrait, avenant, séducteur et drôle. Avec lui je me sentais désirée et femme. Bref il était tout ce dont une fille pouvait rêver. Nos voyages en Europe se sont succédés, en alternance avec de longue pause en Finlande, je peignais toujours et lui faisait je ne sais quoi. Et puis tout s'est progressivement effrité, de manière discrète. J'avais alors 21 ans et il devenait plus distant, plus brutale et colérique. On se trouvait en Biélorussie quand tout à dérapé. Je voulais qu'on se pose ensemble définitivement, prendre en main mon avenir et me lancer enfin dans la peinture de façon professionnelle. Qu'on arrête de jouer tout simplement. « Je rentre en Finlande, avec ou sans toi. » C'est tout ce dont je me souviens. Cette phrase, la mienne a marqué un tournant dans ma vie. Les médecins me disaient que je faisais une sorte de blocage et que c'était fréquent après un traumatisme. Je suis rentrée seule à Helsinki. Couverte de bleus et avec une cicatrice au ventre. Je n'ai jamais revu Niilo et je ne saurais jamais ce qu'il lui a pris. Je n'ai jamais dit à personne ce qui s'était passé. Les événements me reviennent parfois en cauchemars et je ne parviens pas à m'en débarrasser. Il faudrait peut-être que je vide mon sac un jour. Parce que j'ai toujours ce poids. Il ne me quitte jamais. Il suffit que quelqu'un lève la main soudainement pour que mon corps entier se tende. Pourtant ma fichue fierté semble être un fossé infranchissable. A mon retour, mes parents ne m'ont pas repoussée, bien au contraire. Même si je refuse de leur raconter mon histoire, nous sommes plus proches. Je me suis entièrement vouée à la peinture. Pendant 4 ans, j'ai donc travaillé au près d'un peintre renommé finlandais, ami de ma mère. Il m'a ouvert des portes, donné des conseils et contacts bien placés. Je vends même quelques toiles, j'ai des commandes en somme ma carrière prend forme petit à petit. J'ai trouvé en cet art, un moyen d'exprimer ce qu'il s'était passé. Ma douleur et ma peur, que je cache par fierté. Malgré cet échappatoire, mon pays natal me rappelait trop de souvenir. J'avais l'impression d'être toujours hantée par mon erreur de jeunesse. Alors je suis partie en Angleterre, à Leeds où j'avais passé des vacances, il y a longtemps. Cette ville m'inspire et de nombreuses idées de toile fusent déjà dans mon esprit. Autant dire que depuis cet évènement, je mets fin assez rapidement à mes relations amoureuses. J'ai toujours peur que l'homme en question déraille comme mon ex l'a fait. Bien évidemment je ne leur donne pas cette raison. Je suis une adepte du « Je veux me concentrer sur ma carrière. J'ai besoin d'inspiration et je ressens plus rien avec toi » . C'est vraiment stupide mais ça passe colle bien avec l'idée que les gens se sont des artistes. Enfin... Je suis là pour recommencer ma vie personnelle. Vivre au jour le jour finalement, comme je le fais depuis que j'ai rencontré Niilo. Seulement je veux prendre le temps de vivre et pourquoi pas essayer de me reconstruire un peu. Nous verrons bien où tout cela me mène.