J’ai grandi dans une famille tout ce qu’il y avait de plus ordinaire dans ce monde. J’ai eu des parents, comme la majorité des familles. Ils étaient aimant, serviable et je n’ai jamais manqué de rien. J’ai également une sœur plus âgée que moi ; Beth. On se ressemble énormément elle et moi, même si notre différence d’âge faisait que l’on se chamaillait beaucoup et encore souvent aujourd’hui. Mais cette différence fait surtout notre complémentarité, comme on dit ! J’ai donc passé une enfance des plus normales et sans problème particulier. Mes parents vivent aujourd’hui toujours ensembles et s’aiment encore comme au premier jour de leur vie à deux. Au début de mon adolescence, nous avons finalement déménagé de Leeds – ville provinciale d’Angleterre, pour Londres suites aux bêtises de ma grande sœur. Elle était tombée enceinte adolescente, mon père fou de rage par cette situation n’a pas voulu se voir « humilié » et nous avons fuit la ville. Nous avons donc déménagé pour un nouveau départ où personne ne nous connaissait. J’y ai fait une bonne partie de mes études là-bas avant de m’envoler à Newcastle où j’y ai posé mes valises pour terminer mes études l’université Upon Tyne. J’y ai aussi rencontré mon petit-ami mais notre histoire n’aura duré que quelques années. Maintenant que je suis devenue une femme indépendante et épanouie professionnellement, je profite de mes vacances d’hiver pour rendre visite à ma sœur et ma nièce que je n’ai pas vu depuis plus de deux ans.
Si vous voulez en savoir plus, voici mon histoire :

– Il n’est pas question que je quitte la ville parce qu’elle s’est fait mettre en cloque par je ne sais qui !! –lançais-je à ma mère, furieuse.

Beth s’était retrouvé enceinte alors qu’elle n’avait que 17 ans. Je ne voulais pas quitter ma vie pour elle. Je ne voulais pas quitter mes amis, tout ça parce qu’elle n’avait pas su faire attention. Mon père était persuadé que le regard des autres changerait tout de sa vie. Il avait du construire une réputation et ne souhaitait pas que cela lui retombe sur la gueule ! Moi je n’avais que 11 ans et je ne comprenais pas trop ce qu’il se passait. Ma sœur attendait un bébé et désirait le garder. Qu’est-ce que cela changerait si elle l’élevait –ici, à Leeds ? Ici ou ailleurs, quelle était la différence ? J’étais très en colère. J’avais juste l’impression que ce n’était pas Beth qui était morte de honte mais plutôt notre père.  Nous avons donc déménagé à Londres, à l’autre bout du pays, tout ça pour quoi ?? Pour rien. Vu mon très jeune âge je ne pouvais pas émettre une seule requête… Je ne décidais pas.

Je me suis finalement très vite adaptée à notre nouvelle vie plus les mois passaient, plus le ventre de ma sœur s’arrondissait. Je me surprenais quelques fois en train de la regarder –derrière la porte entrouverte de sa chambre, s’admirer devant le miroir, le ventre rond en avant. J’étais à la fois curieuse et attentive à la vie qu’elle souhaitait pour son bébé.

Dans tout ça, je m’étais fait de nouveaux amis.  Avec le temps, j’ai su me reconstruire et avancer comme toutes les jeunes filles de mon âge.  Je suis allée au lycée, j’avais de très bonnes notes et j’y ai fait la rencontre de Tyler, le plus beau gars de toute l’école à mes yeux. Celui qui me brisera le cœur quelques années bien plus tard pour une autre fille qu’il avait croisé dans l’un de ses cours à l’université de Newcastle. Et dire que je l’avais suivie les yeux fermés juste pour être avec lui. Il avait fallu que je me recentre sur mes études. Savoir qui j’étais sans lui et la personne que je voulais être.

– Ne me dit pas que tu as du boulot Jo’, ce soir tu sors avec nous et tu ne discutes pas. Il est grand temps que tu te trouves un mec qui comblera tes désires cette nuit… non parce qu’en ce moment, t’es tendue  et ça fait peur à voir !!!

Ma vie se résumait (–et se résume toujours) à  « métro, boulot, dodo ». J’y avais trouvé un refuge sans failles. Le problème ? Mes amies pensaient que le fait d’être toujours enfermée et concentrée sur le boulot ne m’aiderait pas à trouver l’âme-sœur. Une nouvelle relation qui m’aiderait à ne plus être aussi tendue et irritable que je l’étais depuis trop longtemps. Cette phrase du « Je vais bien, je n’ai pas besoin de petit-copain pour être au top dans ma vie » les faisaient rire à la longue de la sortir. Je devais sans doute être à court d’idées tellement j’étais dépassée par leur entêtement de me trouver le mec parfait. C’en était devenu une obsession. Non, je ne voulais pas finir vieille fille célibataire mais de là, à me jeter corps perdu dans la prochaine relation qu’elles me trouveraient, c’était abusé ! Et puis, il débarquait dans ma vie… comme si elle n’était pas assez compliquée…

– Salut … Je suis désolé mais elles… [pointant l’index vers Gina et Meghan] … elles m’ont obligé à venir vers toi et t’offrir un verre…

Je me suis tournée vers cette voix masculine très assurée. Le gars souriait. Son visage me disait vaguement quelqu’un… Il portait un simple t-shirt gris foncé qui lui collait à la peau, un jean bleu marine et s’était sans doute coiffé en haut d’une montagne russe sur le point de descendre à toute allure. Il avait vraiment les cheveux en épouvantail ! Évidement, je m’attendais à un sale coup venant de mes collègues. Elles étaient au bar en train de rire, bien sûr ! J’ai finalement passé la soirée en bonne compagnie tandis que Gina et Meghan s’étaient éclipsées depuis des heures. Je suis rentrée chez moi, à l’aube.  Mes copines risqueraient fort d’être déçues puis-qu’avec ce parfait inconnu, rien ne s’était passé.
Au bout de plusieurs rencontres j’avais enfin découvert qui il était. Un ex de ma sœur Beth à l’époque où il vivait à Leeds. Pour moi ce fût une évidence après coup. Il passait énormément de soirée avec ma sœur, devant la télévision à regarder des films romantiques. Je trouvais ça dégoutant, d’ailleurs. Un simple baiser entre eux me hérissait les poils. Vraiment traumatisant ! Les soirées qu’il passait dés lors chez moi, se résumait à ma sœur et à ses conneries d’adolescente… J’ai commencé ressentir cette absence d’elle… de ma nièce qui était déjà en pleine crise d’ado –sans doute. Ma vie à Leeds commençait sérieusement à me manquer. Beth avait racheté la maison familiale il y a quelques années. C’est ce qu’elle m’avait écrit dans l’une de ses lettres qu’elle m’envoyait tous les mois. J’avoue que moi, je n’écrivais pas aussi souvent qu’elle. Beth savait que j’allais bien et c’était tout.

– Il faut que j’y aille. On se revoit très bientôt… en attendant sois sage et…. et surtout, je dis bien SURTOUT, ne-touche-à-rien !

Avec Julian, tout se passait au mieux. On était amis. Proches, très proches même mais… je ne préférais pas aller plus loin sachant son passé avec ma sœur, bien qu’il avait essayé de me prouver qu’il avait tourné la page sur eux depuis bien longtemps. En même temps au bout de dix-huit ans…

Cette fois, j’avais enfin les vacances que j’avais demandées. Il était temps, d’ailleurs. Surtout qu’au boulot c’est tendu en ce moment et j’avais vraiment besoin de me reposer pendant ces trois longues semaines bien méritées. J’allais enfin pouvoir prendre ma sœur dans les bras, passer du temps avec elle, sa fille et mon beau-frère laissant derrière moi une vie compliquée avec un ami plutôt compliqué lui aussi pendant quelques jours…