J'aimerais tellement pouvoir raconter une extraordinaire, dire que je suis né au milieu d'une foule en délire lors d'un concert, annoncer que j'ai survécu à des températures hivernales horribles dans des conditions précaires parce que j'étais arrivé bien trop tôt et que mes parents n'étaient pas prêts, mais je mentirais. À dire vrai, ma naissance est ordinaire, terriblement ordinaire même. Je suis apparu la nuit du vingt-cinq décembre 1981. Je sais oui, je suis né le soir de noël, mais est-ce que ça a réellement de l'importance ? Ce n'est qu'une date parmi une autre. Ah si le petit hic, c'est que lorsqu'on est gosse eh bien, on n'a pas de cadeaux pour les deux fêtes, mais bien que pour une des deux. Bref, je suis donc né cette nuit-là, mon père n'était même pas présent durant l'accouchement, il avait mieux à faire avec une de ses prétendues « patientes ». Ma mère était donc seule pour avoir son premier bébé, j'étais tout de même son petit cadeau, son petit ange, elle était heureuse de me tenir contre sa poitrine et était au bord des larmes après être restée douze heures sur cette table de torture. Une fois l'accouchement terminé, elle est retournée avec moi dans sa chambre, elle cherchait attentivement quels prénoms me donner malgré le fait qu'elle aurait aimé le faire avec mon père. C'est à ce moment-là qu'elle décidé de m'appeler Nickolàs Narcisse Sanguez. Je, vous l'accorde le prénom de Narcisse est plutôt difficile à porter, je portais le nom d'une fleur, mais aussi, j'avais le droit à la légende de ce pauvre narcisse qui était tellement fou de lui-même qu'il a fini par se noyer alors qu'il admirer son reflet dans l'eau. Pourquoi me mettre le prénom d'un homme si imbu de sa personne ? Je ne sais pas peut être qu'au fond ma mère voulait que je garde en tête de ne jamais faire la même chose que lui, rester simple en toute circonstance. La vérité, c'est qu'un prénom ne peut malheureusement pas changer l'homme que tu deviendras, arrivera ce qui arrivera dans le futur. Mon père a fini par venir dans ma chambre alors que ma mère se reposer, c'était un homme froid, horriblement froid et je ne sais pas pour quelle raison ma mère était tombé amoureuse de lui, mais j'apprendrais bien plus tard que l'amour est loin d'être toujours simple. Bref revenons donc à mes parents, il est rentré et embrasser sa femme quand même, me regardant dans mon petit berceau. « Beurk, il est tout bleu ton fils. Regarde ça, on dirait qu'il est tout fripé. » Mon père avait beaucoup de tact et d'humour comme vous peuvent le remarquer. « Chéri, c'est qu'un petit bébé, c'est normal qu'il soit comme ça. » Ma mère toujours en train d'arrondir les angles à croire qu'elle préférait la boucler plutôt que de le contredire. « Comment tu l'as appelé alors ? » Elle sourit en me regardant, j'étais peut-être tout fripé et tout bleu, mais elle, elle m'aimait déjà terriblement. « Nickolàs Narcisse Sanguez. » Ça ne plaisait pas à mon père, comme toujours, mais elle ne changea pas mon prénom.


 Très vite, je me suis rendu compte que chez moi, j'étais un peu comme un meuble dans cette grande maison, ma mère est chirurgienne, elle aime son métier, lorsqu'elle a appris qu'elle était enceinte de moi, elle a pris un congé sabbatique pour pouvoir me mettre tranquillement au monde. Elle avait fait plusieurs fausses-couches auparavant et elle ne souhaitait pas perdre un autre enfant, elle a donc mis toutes les chances de son côté. Quoi qu'il en soit juste après ma naissance, elle a tout de suite reprit le boulot, et cela, de plus belle. La vérité, c'est qu'être chirurgienne et être en même temps maman ce n'est pas très compatible surtout lorsqu'on se rend compte que l'on fait encore plus d'heure qu'auparavant et qu'on ne voit jamais son jeune fils. En ce qui concerne mon père, ou est-il passé celui-là, vous devez vous demander, c'est simple, il travaille bien sûr. Le seul problème, c'est que ce monsieur qui n'est autre que mon cher et tendre géniteur travail dans ma maison. Il est psychologue, les psychologues sont censés aidés les autres à la base, non ? Eh bien lui, il aide les autres enfin surtout les jeunes femmes, mais pas de la manière dont on l'imagine. En grandissant, j'ai très vite compris que mon père couchait avec toutes les femmes qui pouvaient passer dans son cabinet et ça ne le déranger pas le moins du monde de le faire dans la maison où je vivais et où il partageait sa vie avec ma mère. En fait, il se foutait de tout et encore plus de notre petite famille. Lui il avait toujours dix-huit ans dans sa tête et ne voulait pas de famille – je l'ai appris bien plus tard cela – il ne voulait pas se marier non plus mais ma mère était enceinte et il se devait de la demander en mariage, bien sûr il était plus que ravie quand elle a perdu son premier bébé. Je vous entends déjà dire, quel enfoiré. Vous avez bien raison. Bref, je n'avais pas besoin de lui, pas besoin de ma mère non plus, j'ai simplement vécu ma vie loin d'eux dès que j'ai pu me débrouiller seul. Très vite, j'ai donc appris à être autonome dès l'âge de cinq ans, je faisais presque tous sans mes parents y compris aller à l'école qui se trouvait à deux rues de chez moi. Je ne voyais pas ma mère et j'admirais toutes ses femmes venir chaque jour chez moi. Bien entendu, un beau jour les mensonges finissent par éclater au grand jour et ce jour-là ça fait mal. « John, je suis enceinte. » Là, je savais que ça n'allait pas bien se finir, mon père était loin d'aimer les enfants alors en avoir d'eux, elle voulait le tuer ? « QUOI ??? Non Crystal !! On avait dit un seul, merde ! Et qui me dit que c'est le mien ? » Le jeune John ne s'attendait surement pas à se prendre une gifle monumentale de la part de sa femme qu'il était censé aimer. « Ne mets pas tes propres expériences avec ce que moi, je fais !! Tu couches avec toutes les femmes qui passent ici, mais moi, je te suis fidèle comme une abrutie ! Et là, tu me traites comme si j'étais la dernière des putes. Je vais demander le divorce John, je veux plus te voir ici !! » Ma mère était donc au courant des infidélités de mon paternel pourquoi avoir attendu cinq ans alors ? Très bonne question. Moi, j'étais à côté et je regardais la scène par le trou de la serrure, j'avais cinq ans, mais j'étais content de voir mon père enfin partir de chez moi. « Ça m'arrange que tu me dises cela tient. Ne t'attend pas à ce que je m'occupe du boulet qui te sert de fils et ton autre gosse. Je vais aller voir mon autre femme et être ENFIN heureux. » Il a donc pris ses affaires et a quitté enfin la maison laissant ma mère enceinte de quatre mois dans un état pitoyable et proche de la dépression. En définitif, un père infidèle + une mère foireuse ça donne un gosse quand même bien perturbé.

  En petit enfant perturbé, je me rendais bien compte que ma mère n'allait pas bien du tout et qu'au fur et à mesure de sa grossesse ça allait de plus en plus mal. Bien sûr, je n'étais qu'un enfant donc difficile de dire que sa mère est en train de faire une dépression et qu'elle risque d'y rester avec le bébé dans son ventre. C'est difficile comme idée à comprendre surtout quand on a que cinq ans. Tout ce que je sais, c'est que ma mère à cesser de travailler à l'hôpital et qu'elle ne faisait que dormir ou simplement pleurer dans son lit. Mes tantes essayaient de la faire bouger, insulter mon père de tous les noms, mais sans aucun sursaut de conscience, elle continuait à déprimer dans son lit comme un cadavre dans un cercueil. Elle était morte en quelque sorte et ça me faisait déjà très mal. Je n'avais déjà plus de pères, mais là, je n'avais plus de mères non plus, j'étais presque orphelin. Cinq mois plus tard, elle mit au monde une petite fille, un ange tout fragile, elle avait de très beaux yeux marron, son visage fin me donnait déjà envie de lui faire plein de baisers. Elle portait le nom d'Elora. Encore ma mère et ces noms étranges. Peu importe ma sœur rentre enfin à la maison et j'étais déjà ravi de la voir près de moi. Elle allait être ma bouée de sauvetage dans les années qui suivraient, mais elle ne le savait pas encore. Non, elle apprendra bien plus tard qu'elle m'a aidé à ne pas sombrer, à ne pas couler dans le néant profond. La première nuit ou ma petite sœur est arrivée, je suis resté assis par terre dans sa chambre comme un adulte, je l'ai admiré, je lui ai parlé et je me suis endormi sur la moquette de sa chambre rose. Je n'étais désormais plus un enfant, j'étais un petit adulte. Très vite m'occuper de ma sœur est devenu une tâche importante pour moi, je ne me voyais pas laisser ce petit bébé seule comme je l'avais été, j'étais présent pour elle-même si je ne pouvais pas faire grand-chose pour l'instant, ma seule présence l'apaisé et je le savais pertinemment. Les années ont très vite défilé et moi, j'avais pris deux ans de plus. J'avais déjà sept ans et je n'étais plus un petit bébé, Elora, elle allait sur ses deux ans déjà. La vie était tranquille, elle était presque belle, elle était presque parfaite. Un soir alors que ma mère partait à l'hôpital, elle m'a attrapé dans ses bras et m'a posé sur la table pour me dire quelque chose d'important. « Tu sais mon petit chéri, je veux que quoi qu'il arrive, tu t'occupes bien de ta petite sœur. Occupe-toi d'elle comme si elle était une partie de toi-même. » J'étais content de voir que ma mère était assez confiante pour me donner une telle charge. M'occuper de ma sœur serait donc un devoir pour moi, je ne la lâcherais jamais même quand elle sera grande. En plus avec nos cinq ans d'écart ça serait plus facile. « Oui maman, je vais bien m'occuper d'Elora, je te le promets. » Elle m'a embrassée et je ne l'ai plus jamais revu de ma vie. Du moins plus vivante. Dans la nuit en rentrant chez nous, elle a eu un accident de la route et elle est morte sur le coup. C'était comme si ce soir-là, elle savait ce qu'il se passerait. Aujourd'hui, je me demande si elle ne s'est pas suicidée fatiguée de vivre ainsi. Quoi qu'il en soit je me retrouver seul avec ma petite sœur de deux ans.


 La vie était loin d'être rose à partir de ce jour-là, j'étais un peu le punchingball d'un père un peu trop accro à la drogue et aux femmes même si ma sœur ne faisait pas de bêtise il trouvait toujours quelque chose à me reprocher. Je me sentais vraiment faible et totalement incapable de me défendre il m'écrasait totalement et je ne pouvais rien faire contre cet homme qui était censé me donner de l'amour et me protéger au lieu de me faire souffrir. Elora était inconsolable et ne savait pas quoi faire pour m'aider à m'en sortir, la seule manière était d'en parler à quelqu'un mais qui ? Mon père était un psychologue respectable j'étais qu'un gamin perturbé par un divorce brutal, une mère totalement folle dingue qui trompait soit disant son mari et qui a fait une fille dans le dos de son mari. Voilà ce que l'on disait de ma famille alors moi du haut de mes douze ans si je disais que mon père me frappait ils trouveraient toujours quelque chose à dire contre moi pour ne pas que l'on me croit et je serais mis ailleurs en pension sans ma sœur. Elora serait seule avec ce psychopathe hors de question que j'en parle à quelqu'un donc. Je passais pour un gosse maladroit, la plupart du temps ça passer et quand on me posait trop de questions je devenais agressif on finissait par laisser tomber. Du moins ça a fonctionné un an. Lorsque j'ai eu treize ans une nouvelle famille est arrivé de l'autre côté de la rue, mes voisins d'en face étaient une famille heureuse avec une fille de mon âge. Delia voilà son prénom. Dès que je l'ai vu mon cœur s'est mis à battre fort dans ma poitrine j'ai cru qu'il allait sortir de ma cage thoracique. C'était marrant quand j'y repense, c'est la première fois que je tombais amoureux, la première fois que je voyais un visage d'ange d'aussi près, elle avait les traits fins et semblait douce et fragile. Les apparences sont pourtant trompeuses cette fille était une petite peste du moins à treize ans, elle me suivait partout et ne voulait jamais me laisser tranquille, elle s'incrustait sans arrêt et je pouvais dire que ma petite sœur était jalouse de ça. Delia semblait immature pour son âge je pensais qu'elle ne comprenait pas ce qu'il se passait chez moi mais au contraire elle savait très bien ce que mon père faisait et les crises de violence qui lui prenait. Je trouvais cela plus facile si elle ne savait rien, elle avait beau être mon premier coup de cœur je ne voulais pas qu'elle sache ce que mon père me faisait subir. Malgré le fait que je cache mes hématomes avec le fond de teint de ma belle-mère ça ne fonctionnait pas toujours. Tout changea un après-midi alors que ma sœur était à l'école et moi non, j'étais assis dehors un bleu se formait sur mon visage d'enfant ou plutôt d'adolescent elle est arrivée avec un petit sac. À poser une main dans mes cheveux et m'a aidé à essuyer les larmes qui coulaient sur mes joues sans même que je m'en rende compte. « C'est ton père qui te frappe c'est ça ? » Depuis un an et demi jamais personne ne m'avait dit aussi brusquement cela, d'habitude on ne me demande pas de cette manière, les gens sont naïfs où ils s'en fichent, je pense, mais elle, elle savait très bien ce qu'elle voulait et n'y mettait pas les formes. « Pourquoi tu poses la question si tu sais la réponse ? » Je n'avais pas nié pour une fois. À quoi bon ? Elle me torturerait pendant des heures pour savoir le pourquoi du comment alors je préférais me taire c'était mieux pour nous deux. « Je voulais savoir si tu me faisais assez confiance pour me le dire, c'est presque le cas. Ecoute Nickolàs on sait tous les deux que tu ne peux rien faire contre ça du moins rien de concret alors j'en ai parlé à mon père et il est d'accord pour t'hébergeais de temps en temps avec ta petite sœur. Ça te fera sortir de ton calvaire et moi ça me fera de la compagnie. Et puis je pourrais m'occuper de toi ça m'entrainera. » Mon regard s'est posé sur elle et mes sourcils se sont arquaient ça voulait dire quoi ça ? Qu'elle s'entrainerait sur moi ? En fait Delia voulait déjà à l'époque devenir infirmière. Au fur et à mesure je me suis rendue compte qu'elle n'était pas si peste que ce que je pensais. À treize ans on est très loin de connaître les filles et même aujourd'hui je ne suis pas sûr de les connaître encore. Delia voulait simplement être proche de ma sœur et de moi pour pouvoir parlé de ce qu'ils se passaient chez moi. Chez moi c'était l'enfer mais j'apercevais le paradis chaque fois que cette belle brune souriait, c'était un ange dont j'étais tombé amoureux, un amour d'enfant, mon premier amour.

 Ah quinze ans le bel âge non ? Qui ne voudrait pas revenir à cet âge d'or. Bon ok on n'a pas le permis, on ne peut pas faire grand-chose mais il n'y avait presque pas de souci non plus. Pas besoin de se prendre la tête avec les histoires de cœur non plus. Enfin ça ce n'est pas réellement vrai puisque je suis amoureux de Delia depuis mes treize ans, je n'arrive pas à voir d'autre fille pourtant je suis plutôt joli garçon, je fais attention à mon corps, je fais beaucoup de sport mais il y en a qu'une qui fait battre mon corps. Le problème ? Eh bien je suis incapable de lui dire, je suis incapable de l'embrassait, incapable de la serrer dans mes bras et de lui dire merci, merci de m'aider à vivre un peu mieux, merci de s'occuper de ma petite sœur avec moi, ça me fait beaucoup de bien. Delia était mon rayon de soleil dans ma vie sombre, elle me rendait dingue mais autant dire que je n'avais pas beaucoup de chance, elle m'appelait son meilleur ami, je n'étais que son meilleur ami et chaque fois que je l'entendais dire cela mon pauvre cœur se compressait encore un peu plus dans ma poitrine jusqu'à ce qu'un jour il explose en millier de morceaux. Ce jour-là n'allait pas tarder à arriver malheureusement. Vous saviez que fumer une cigarette dehors à une heure du matin était nocif pour la santé ? Non-non, je ne parle pas du tabagisme mais de ce que l'on peut voir quand on est dehors à cette heure-là de la nuit. J'étais donc en dehors de la maison je savais que si mon père me voyait une clope à la main j'étais bon pour me prendre une bonne raclée dont je me souviendrais longtemps. Alors que j'étais en train de tirer sur le poison avec qui j'entretenais une liaison depuis deux ans j'ai pu apercevoir une voiture s'arrêter devant la maison de ma dulcinée, elle était dedans avec un garçon plus âgé du genre dix-neuf ou vingt ans. Je me suis planqué comme un abruti dans les buissons et le garçon l'a ramené chez elle. Devant sa porte comme dans les films à l'eau de rose il a déposé ses lèvres sur les siennes et le pire là-dedans c'est qu'elle a prolongé ce baiser. J'étais comme brisé, je sentais la boule de mon estomac se renforcer et j'aurais envie de hurler de douleur mais c'était le temps du premier chagrin d'amour, de la première déception et bon dieu que ça fait mal. Je suis resté planquer dans les buissons pendant une bonne demi-heure avant qu'il ne s'en aille. J'ai regretté à ce moment-là cette maudite cigarette, sans elle je n'aurais pas vu cet affreux spectacle.


J'ai dix-huit ans maintenant ! Cette fois-ci il est temps de partir le problème réside dans le fait que ma sœur n'a que treize ans. Comment partir de chez moi avec elle ? Je suis jeune mais je sais que je m'occuperais bien mieux d'elle que son propre père. Finalement, je décide d'en parler clairement à celui qui me sert de géniteur. De toute manière il se fout totalement de nous alors autant que je lui dise ce que j'avais sur le cœur maintenant et que je débarrasse le plancher avec ma sœur. « Écoute, tu n'as pas envie que je sois là je t'embarrasse plus qu'autre chose depuis onze ans maintenant, moi je veux partir alors le deal c'est que je m'en vais de chez toi je te laisse avec ta femme mais je récupère Elora avec moi. » Il se foutait de sa fille mais pour me faire mal il serait capable de garder ma sœur avec lui c'est bien pour cela que je comptais tout faire pour la garder quitte à manipuler celui-ci. Il se mit donc à rire après mes propos comme si je venais de raconter une bonne blague. « Non. Je ne te donnerais pas la garde de ta sœur, hors de question. Et même si je me fous totalement de sa vie, et même de sa survie, je préfère te savoir seul tu mérites que ça comme ta mère. » Voilà, qu'est-ce que je disais je savais parfaitement qu'il n'accepterait pas c'est pour cela que je sors des cassettes de ma poche. « Tu vois tout ça ? Eh bien ce sont des enregistrements, j'ai une partie d'enregistrement qui sont liés à toutes tes infidélités que tu pratiques sans-souci dans notre environnement c'est tellement malsain pour une adolescente non ? Tu vas perdre ton droit d'exercer la psychologie, tu vas tout perdre. Et la seconde partie eh bien ce sont des enregistrements qui sont liés au coup que tu m'as porté pendant des années. Tu ne voudrais pas que nos voisins et que tout Bogotá apprenne que tu n'es qu'un alcoolique qui tabasse son fils depuis qu'il a douze ans non ? » Je savais qu'il tenait plus à sa réputation qu'à autre chose. Il était devenu blême d'un seul coup mais ne se démontait pas bien entendu, ne jamais montrer ses faiblesses, c'était son truc. « Tu bluffes tu n'es pas assez intelligent pour penser à faire cela. » Je me mets à sourire, je me moquais de lui comme il avait bien pu le faire pendant des années. « Tu veux vraiment prendre le risque papa ? Tu es sûr de vouloir savoir si je bluffe ou si je dis la vérité ? » La vérité c'est que je bluffais réellement, je n'avais pas de cassette de tous cela mais je savais qu'il ne demanderait pas à vérifier du moins je l'espérais. « Qu'est-ce que tu veux ? » Voilà le poisson avait mordu et je n'avais plus qu'à le remonter dans ma barque. Enfin j'allais être libre et avec Elora en plus de cela. « Je veux partir avec Elora et je veux que tu me donnes 2000 dollars par mois histoire d'avoir un peu d'argent pour vivre. » Il hocha la tête, il n'avait pas trop le choix, à peine étais-je debout qu'il a attrapait les cassettes violemment sur la table. « Oh et n'essaie pas de les détruire parce que j'ai des copies et si jamais il m'arrive un truc j'ai déposé des cassettes chez des amis, histoire qu'ils te pourrissent la vie quand même. » Un sourire satisfait s'accroche à mon visage, enfin j'étais libre et cela faisait du bien. Dans l'heure j'avais attrapé les vêtements de ma sœur, l'argent de mon père et la voiture nous attendait pour le départ. Je suis allé sonner chez Delia avant de partir. « Alors ça y est. Tu t'en vas pour de bon ? » Elle avait l'air malheureuse et au fond je l'étais aussi surtout que je partais de Bogotà pour une autre ville, un tout autre pays, histoire de tout recommencer. « Eh oui. Ça y est. Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans toi Delia. Honnêtement, ma vie ne sera plus la même sans toi je te le promets. Tu remercieras ton père pour l'appartement qu'il m'a eu à Leeds, je ne sais pas comment j'aurais pu faire sans lui. » Elle m'a serré le plus fort possible dans ses bras et j'ai senti couler sur mon cou des larmes. Elle était en pleurs et je n'avais jamais vue cette demoiselle pleurer depuis que je la connaissais. « Tu vas terriblement me manquer. » C'était ma chance. Je n'allais plus jamais la voir. C'est là que j'ai déposé mes lèvres sur les siennes, je l'ai serré comme si j'allais mourir ce soir. Ce baiser était le plus beau de ma vie et pourtant entre mes quinze ans et mes dix-huit ans j'avais eu des petites amies, mais embrasser la femme que l'on aime c'est totalement différent. « Tu vas me manquer aussi Delia. Terriblement me manquer. » Je l'embrassais à nouveau avant de la laisser là, sur le pas de la porte. Je venais de dire adieu à celle que j'aimais et ça me faisait mal même si j'étais enfin heureux d'être libéré de mon père avec ma sœur, nous allions vivre enfin heureux.



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